Les progrès techniques médicaux s'accompagnent d'une autre réalité : si ceux-ci permettent de vivre plus longtemps en bonne santé, ils sont parfois la cause de situations de vulnérabilité liées à la santé ou induite par la médecine. Cet angle mort ne fait pas l'objet de recherche ou d'approche clinique, pourtant, ces situations sont vécues autant par les personnes malades, que par les familles, aidants, professionnels de santé ou acteurs du champ médico-social. Ce sont ces situations que nous souhaitons étudier par ce colloque de lancement du projet d'institut des vulnérabilités, dont l'objectif premier est croiser les regards sur ce sujet à travers un questionnement sur ces situations de vulnérabilité liées à la santé compris comme la somme de ses composantes physique, psychologique, sociale, environnementale, qui - en la constituant - s'entremêlent, et sur notre responsabilité en termes social et politique pour prévenir et accompagner les personnes qui se trouvent dans ces situations de vulnérabilité.
Argumentaire
Nul ne peut contester les progrès engendrés par les développements techniques et scientifiques de la médecine depuis le début du XXe siècle. On guérit maintenant un nombre important de maladies (maladies infectieuses, pathologies cancéreuses par exemple) dont on mourrait encore il y a quelques décennies. On peut vivre de plus en plus longtemps en bonne santé, sans maladie et sans handicap. Mais ce progrès s’accompagne d’une autre réalité : les avancées techniques et scientifiques contribuent à rendre possible la vie en situation de vulnérabilité liée à la santé. Ces situations de vulnérabilités sont un véritable angle mort des politiques publiques, tant de notre système de santé que de notre société. Ces situations, auxquelles les personnes malades ou présentant un handicap, les familles, les professionnels de la santé, les acteurs du champ médico-social sont pourtant quotidiennement confrontés, ne font étonnamment pas l’objet d’une approche spécifique tant au niveau de l’organisation du système de santé, de nos politiques sanitaires et sociales que de l’éducation, de la formation et de la recherche.
C’est cet impensé du progrès, cet « angle mort », que nous souhaitons étudier : les situations de vulnérabilités liées à la santé, parfois engendrées par l’intervention médicale elle-même.
Le concept de vulnérabilité induit un processus : l’idée qu’il peut se passer quelque chose de déstabilisant, d’être dans un entre-deux avec le risque de basculer à tout moment vers une situation complexe, c’est-à-dire une situation associant des questions de nature médicale, sociale, environnementale qui, ensemble, contribuent à vulnérabiliser la personne et qui nécessitent une approche interdisciplinaire innovante. Ce travail présuppose donc une double approche. Premièrement, il y a une nouvelle forme de vulnérabilité qui est liée à l’état de santé de la personne ou qui est parfois engendrée par les traitements mêmes de sa ou de ses pathologies. D'autre part, cette généalogie médicale de la vulnérabilité induit aussi une responsabilité sociale du système de santé. En effet, si la prise en charge a visé en première intention un bénéfice direct, elle a aussi suscité parfois, des effets secondaires néfastes et/ou des évènements indésirables, qui, à l’heure actuelle, échappent à son périmètre d’action.
L’objectif de ce colloque de lancement de l’institut pour la prévention des vulnérabilités liées à la santé est de croiser les regards sur ce sujet à travers un questionnement sur ces situations de vulnérabilité liées à la santé compris comme la somme de ses composantes physique, psychologique, sociale, environnementale, qui - en la constituant - s’entremêlent, et sur notre responsabilité en termes social et politique pour prévenir et accompagner les personnes qui se trouvent dans ces situations de vulnérabilité.